Je me rappelle de ce dimanche de novembre. Un petit 6 degrés le matin, mais un soleil resplendissant. Comment avec un temps pareil refuser une invitation à une séance

de sheng zen sur la plage. Forcément après une séance, un repas, la sieste s’impose. Et au réveil, un coup d’œil au téléphone, et un message d’Isabelle. Je lis, relis, et tout

à coup, la séance de sheng zen est loin, très loin. Parler de moi, non, des photos de moi, il y en a si peu. Bon, de toute façon, entre les invasions de bêtes à cornes et la

canicule, peu de graines cette année, donc je vais répondre à Isabelle que je suis désolée mais que cette année je ne vais pas participer au SOL et que je ne veux surtout

pas garder mon ancienneté. Pas la peine de se retrouver confrontée au même problème l’année prochaine. Malgré tout, la part de moi qui m’interdit de réagir à chaud me

stoppe et je pars au jardin. Là, déjà, on voit les choses sous un autre angle. Oui, je n’aime pas cet exercice, mais bon, Isabelle se démène pour faire vivre ce groupe, alors je

peux peut-être faire un petit -ou gros – effort, et le soir j’envoie un message à Isabelle pour dire que j’accepte.

Mon premier jardin remonte à l’âge de mes 8 ans. Mes parents venaient d’emménager dans une maison avec un terrain, et j’avais demandé à pouvoir semer moi aussi.

Après quelques années sans jardinage, j’ai retrouvé un jardin lorsqu’avec mon mari nous avons fait l’acquisition d’une maison dans le Loiret. Avec l’activité professionnelle et

les enfants, pas trop de temps, mais je m’occupais des semis et plantations dans le potager, la cueillette des petits fruits rouges, surtout pour le plaisir des confitures et

gelées, et bien sur quelques semis de fleurs .

Il y a maintenant presque 7 ans, nous avons quitté le Loiret pour la Gironde, proche du bassin d’Arcachon. Après avoir enlevé les haies de thuya, les yuccas, j’ai créé un

potager, mon petit coin pour les fruits rouges, et j’ai commencé à mettre quelques plantes, à commencer par celles qui avaient fait le déménagement. Il faut dire qu’ici, il y

avait abelias, fusains, loropetalum, des azalées et beaucoup de lavandes dans l’allée qui mène à la maison. Le jour ou une azalée s’est complètement enlevée, je me suis dit

‘chic, une place pour une nouvelle plante’, une belle aubaine, mais impossible de rentrer la bêche. Alors après avoir enlevé la bâche et constaté que les racines couraient

entre la bâche et la terre, j’ai creusé. Et là, j’ai commencé par enlever tout le remblai qui avait été mis. La voiture peut presque aller toute seule à la déchetterie ! 

Je n’ai pas vraiment de jardin, mais je suis en deuxième ligne, donc une grande allée qui me permet de diversifier les plantes. Ce que j’aime c’est le mélange des plantes, la

diversité des espèces et des variétés. Les jardins qui donnent une impression de fouillis, mais savamment réfléchi (bon, ça, ce n’est pas chez moi !).  D’autant qu’ici, c’est un

peu plus compliqué que dans le Loiret. Là-bas, je plantais et ça poussait. Ici, certaines plantes ne se plaisent vraiment pas.

Un endroit où j’aime aller me promener est la promenade fleurie à Mimizan, ‘et qui n’est à chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre (paul Verlaine – mon rêve

familier). Chaque année, le spectacle est différent et selon la saison, il change également. Sa proximité avec le lac d’Aureilhan apporte une sensation de calme que je trouve

très agréable et apaisant. 

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

          (Charles Baudelaire – l’invitation au voyage)

Une date que je n’oublie pas (avec celle du SOL), c’est le premier week-end de juin, date des rendez-vous aux jardins., l’occasion de visiter également des jardins de

particuliers qui ouvrent leurs portes. L’occasion de mettre dans son coffre, des plantes pour donner car en général, on repart toujours de ces endroits avec graines et

boutures (bon, d’accord, il y a une exception, mais c’est normal, toute règle a ses exceptions).

J’aime faire des semis et des boutures, malheureusement pas avec autant de réussite que je le souhaiterais, mais c’est aussi ce qui donne du charme à cette passion.

Comme d’autres, j’imagine, quand le matin, je vois poindre un peu de vert dans un pot, c’est un rayon de soleil pour la journée. J’admire, je surveille, et parfois pour me

rendre compte que ce qui a germé n’est qu’une vulgaire vergerette. C’est ce qui m’était arrivé avec des graines de Romneya coulteri. Après avoir pris soin d’une vergerette,

j’ai finalement eu un plant mais que j’ai perdu par la suite. Je n’ai pas renouvelé l’expérience car une amie m’en a offert un.

Donc, comme je suis toujours en quête de graines, je suis dans différents groupes d’échanges. Et c’est ainsi qu’en 2020, dans un groupe d’échanges j’ai croisé Brigitte, alias

Bridget Jones qui m’a parlé du SOL. J’ai pensé que ce serait une bonne idée de préparer ce premier SOL pour moi sur la fin de l’année, et c’est ainsi que je suis arrivée dans

ce groupe.  

Quel plaisir de recevoir des petites enveloppes, chargées de graines venues d’autres jardins, dans un but de partage ! J’admire les capacités artistiques de certaines, et me

dis que mes petits sachets font bien piètre figure à côté de ces œuvres d’art.

Choisir une plante du SOL, facile ! J’aime l’Hibiscus pedunculatus pour la forme de ses feuilles, l’Hibiscus cannabinum pour sa fleur et son fruit , l’Althea cannabina, pour son

aspect très gracile, et les pavots pour leurs couleurs leurs formes. Bon j’arrêterai là, mais chacune a son charme. Oui, c’est vrai que j’aime bien les malvacées, même si ce

n’est pas toujours facile de les garder, c’est peut-être ce qui fait leur charme. 

Hibiscus cannabinum 'Amethyst'

Cette année a été particulière, entre les invasions de bêtes à cornes (depuis que mes voisins n’entretiennent plus leur jardin, c’est leur refuge), et la canicule, difficile de

récolter des graines sur certaines plantes. Mais je devrais tout de même avoir quelques graines à proposer pour ce SOL 2023, pour avoir le plaisir d’envoyer et de recevoir

(Même si parfois, je me demande ce que je fais dans ce groupe où je me sens toute petite par rapport à bon nombre)

Car le jardin, pour moi, c’est la vie. Plaisir de semer, bouturer, voir pousser, grandir, donner pour le plaisir, recevoir pour le plaisir, partager pour le plaisir.

Bon SOL 2023 à chacune et chacun