... "L'habit ne fait pas le moine".

Etes-vous sensible au design d'un site, à l'étiquetage d'une plante... ?

Au point d'en être aveuglé et d'en oublier que l'important, c'est ce que vous aurez au final ?

 

Une des techniques de marketing est de créer un environnement, une ambiance propice à vous faire acheter.

Pour les roses, on se concentre souvent sur du romantisme à excès et tout est bon pour vous faire croire qu'en achetant un rosier au coup de coeur,

vous reproduira la même scène dans votre jardin et tout est bon pour vous convaincre.

Le moindre détail compte : angelots, fontaine, mobilier dans un coloris tendre (de préférence violine ou vert olive), petits objets disposés ci et là

comme un arrosoir pas pratique du tout mais très girly.

 

Credit photo : Cindy Elis Art

 

 

Les compagnes aussi ont leur importance dans cette stratégie :

on va placer une clématite hyper forcée à côté du rosier et vous repartirez ainsi avec les deux (peu importe si elle coûte trois fois le prix).

On y organise des événements où les acheteurs sont même invités à se mettre en scène en portant un chapeau !

Tout est bon pour vendre car c'est de ça qu'il s'agit, de vendeurs. Ne les qualifiez surtout pas de rosiéristes !

Pour moi, un rosiériste, c'est celui qui s'essaie lui-même à l'hybridation, celui qui est vraiment passionné par la culture des roses.

 

David Austin Roses (pas le chapeau le plus romantique, je vous l'accorde)

 

Ca, c'est pour le monde des roses mais pour les autres plantes, les graines, les bulbes, c'est la même chose.

L'habillage très tendance est celui qui fut initié il y a quelques années par des sites comme Floret. Un côté épuré sur fond blanc avec quelques photos

bien choisies qui invitent à la rêverie.

Erin Benzakein est une redoutable businesswoman pour qui j'ai énormément d'admiration car son marketing très efficace s'appuie sur beaucoup de travail, beaucoup

d'intelligence. Elle partage beaucoup et donne de nombreux conseils surtout via Instagram et maintenant aussi par mails via une newsletter hyper intéressante.

 

 

Et donc, beaucoup se sont mis à l'envier et à imiter son style. J'ai récemment vu un site de graines très propre, très axé sur le design du packaging (des dessins plutôt que

des photos) mais si tu creuses un peu, tu te rends compte que tout ça, c'est du vent ! Pour moi, ce qui compte, c'est la qualité des graines !!!

Il y a peu, j'ai commandé en catastrophe des cobées violettes qui n'avaient pas levé (trop vieilles), sur le site très "statique" de Silène : eh bien, 10 jours après, elles étaient

déjà magnifiques et presque prêtes à être repiquées ! Et tous les jardiniers qui ont déjà tenté le semis de cobées vous le diront, c'est pas toujours gagné.

 

 

 

J'ai aussi vu un site dans le même style, de cours d'art floral dans le genre de ce qu'on voit sur Instagram.  A des prix exorbitants !!! Mais le site était fabuleux !

Donc pour moi, parfois j'ai envie de tirer mon chapeau à toutes ces techniques, toute cette recherche pour créer quelque chose de beau mais pas quand c'est creux derrière.

Avec une amie, on rigole quand on voit ce genre de site car très souvent, il y a une jeune femme habillée avec une robe à fleurs ou une chemise à carreaux, manche

retroussées et surtout, il ne faut pas oublier le chapeau... Un peu écolo bobo comme on dit ici.

 

Parfois, l'habit qui ne fait pas le moine s'applique aussi tout simplement à des vivaces dans des pots un peu plus grands en jardineries (mais attention, vérifiez quand même

l'enracinement) avec de très belles étiquettes. Ah, l'étiquette.... comme c'est important ! Et pour ce beau "packaging", le client est prêt à payer trois fois le prix ! Je me

souviens que tout un temps c'était édifiant chez Floralux où tu avais tout un rayon "pour les jardiniers du dimanche", les gogos qui n'y connaissent rien et un peu plus loin, les

mêmes plantes en godets de 9 cm, bien enracinées avec juste le nom sur une languette pour beaucoup moins cher.

 

 Credit photo : jardinerie Carté

 

 

Je remercie tous les sites et tous les vrais pépiniéristes qui se démarquent de cette tendance en se focalisant sur le plus important : le végétal.

 

 

 

... quelles plantes conseilleriez-vous à Sibylle pour planter à l'ombre ?

Nathalie aimerait aussi que l'on précise "ombre sèche" ou "humide".

 

Au jardin et encore moins à la Roseraie, j'ai peu d'ombre. je ne vais donc vous conseiller que quelques plantes en fonction de mon expérience personnelle et 

je vous laisserais le soin d'apporter toutes sortes de suggestions à nos deux amies en commentaire.

Au jardin, il y a bien le "coin de Bruno". C'est celui que vous avez peut-être découvert dans mon dernier livre. Bruno aime les fougères, ça lui va donc bien.

Certaines sont en terre d'autres en pots. Si canicule il y a, il faut malgré tout penser à les arroser tous les jours.

 

         

 

L'Ophiopogon planiscapus 'Nigrescens' ne fleurira peut-être pas à l'ombre mais comme c'est insignifiant, pas de problème. On le cultive surtout pour son feuillage.

 

 

En fond de terrasse, 3 hydrangeas sont exposés au nord et fleurissent très bien.

 

 Hydrangea paniculata 'Limelight'

 

 

 Hydrangea quercifolia 'Snowflake'

 

 

        

 Hydrangea villosa 'The Ditch'

 

 

Des rosiers pour l'ombre, ça existe ? Pas vraiment car pour qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes, il leur faut un minimum de 5 heures d'ensoleillement par jour.

Cependant, les rosiers non-remontants, tellement impatients de tout donner sur trois semaines, fleuriront quand même de manière satisfaisante (mais pas luxuriante comme s'ils étaient en plein soleil).

 

        

 Cardinal de Richelieu

 

 

Une ombellifère géante pour l'ombre avec un feuillage extraordinaire ! C'est le Dystaenia takesimana.

 

       

 

Pour des fleurs parfumées, il y a les Hesperis matronalis. Bisannuelles ou vivaces de courte durée de vie, de toute façon, elles se ressèment très souvent une fois installées.

 

        

 

A la Roseraie, dans le coin zen, aussi des hydrangeas mais cela n'empêche pas qu'il faut les arroser en cas de forte sécheresse.

 

          

                    Hydrangea macrophylla 'Punch Coco'                           Hydrangea quercifolia 'Ice Crystal'                         Hydrangea macrophylla 'Mme Emile Mouillère'

 

 

Certains géraniums acceptent bien l'ombre. Ils fleuriront certes moins que s'ils étaient en plein soleil mais sont appréciables de par leur beau feuillage.

 

          

                                                               Geranium macrorhizum 'White Ness'                                            Geranium 'Katherine Adele'

 

 

Enfin, pour l'ombre sèche - et se trouver à côté d'un saule têtard qui pompe toute l'eau, on sait ce que ça veut dire - je conseillerais un tapis de Claytonia sibirica.

 

 

Très tôt au printemps, les feuilles apparaissent puis en avril, c'est rempli de petites fleurs rose pâle. S'il fait très sec l'été, la plante peut donner l'impression de disparaître mais vous la reverrez vite aux premières grosses pluies.

L'an passé, je lui avais associé des Impatiens balfourii, très jolie petite annuelle, en fleurs très longtemps. il paraît qu'elle se ressème toute seule. Je vous le confirmerai cet été.

 

Credit photo :  francini-mycologie

 

 

Sinon, il y a toujours Arum italicum mais attention : ils peuvent s'avérer assez envahissants à moins que vous ne preniez soin de tailler la fructification à son début.

 

 

Credit photo : Gardeners World

 

 

 

 

... que pensez-vous de la couverture de ce livre ?

Et de cette tendance à prôner le "jardinage sans efforts" ?

 

 

C'est en voyant l'article d'Alain Delavie l'autre jour sur son chouette blog, Paris côté Jardin que j'ai fait des bonds.

Rien de très révolutionnaire car la méthode Ruth Stout date des années '50 mais le livre vient d'être édité en version française, preuve de la nouvelle mode d'en faire le

moins possible dans le jardin.

Ces 10 dernières années, la permaculture a eu le vent en poupe. Certains la pratiquent toujours religieusement, d'autres en sont revenus.

Personnellement, m'intéressant très peu pour ne pas dire pas du tout aux légumes, je n'ai pu que constater l'invasion de livres sur le sujet durant la même période.

Ce qui m'interpelle le plus avec ce genre de livre à la couverture racoleuse, c'est l'illusion qu'on donne aux jardiniers du dimanche qu'il est possible d'obtenir un jardin de type

Sissinghurst en en faisant le moins possible.

Vous me connaissez, mon credo est et reste "no pain no gain". Alors, quand je vois ça; ça me fait bien rire !

 

       

                                                                               Paru en 2021                                        2018 avec en sous-titre "éloge de la paresse productive" !

 

 

       

                                                                                                2022                                             En 2012, on était un peu plus réaliste

 

Mais le plus fort...

Ruée sur les cactus et les agaves !

 

2021

 

On vit une époque où la culture de l'effort n'est plus au goût du jour. On nivelle par le bas. On encourage les gens à "jardiner feignant". Et on en oublierait presque l'un des

plus grands bienfaits du jardinage à savoir se maintenir en forme. 

Quand j'ai arrêté de travailler en 2020, j'étais bien consciente qu'il fallait que je ne m'encroûte pas trop en restant derrière l'ordi. Et depuis, chaque matin, je me rends à la

roseraie pour environ 2 heures intensives. De la manière dont je rentabilise ces deux heures, je pense pouvoir affirmer que ça vaut une séance équivalente dans une salle de

sport. Sauf qu'ici, j'ai la possibilité de créer en plus, d'admirer la vie au jardin. Cette séance matinale est complétée par du jardinage dans mon propre jardin aussi.

Alors, dites-moi ce que vous pensez de cette nouvelle tendance vers la paresse (mais attention, ne confondez pas avec d'autres livres comme le traité du jardin punk d'Eric

Lenoir que je vois plus comme un mouvement rebelle contre les délires de notre société).

 

 

 

 

 

... quels sont les rosiers qui s'en sortent le mieux face à la canicule chez vous ?

 

 

C'est un sujet qui m'a été demandé récemment par l'une d'entre vous. Je l'ai mis dans un coin de ma tête mais j'ai oublié qui était à l'origine de ce sujet, désolée.

Je vais répondre avec mon expérience personnelle de jardinière du Nord qui est certes très différente de celle de certains de mes lecteurs habitant au sud de la Loire.

Pour moi, TOUS les rosiers peuvent bien s'en sortir face à la canicule à partir du moment où ils reçoivent de l'eau en suffisance. Il suffit de regarder les jardins de mon ami,

Maurizio en Sardaigne où il cultive de très belles roses avec succès.

Maintenant, il faut tenir compte des restrictions d'arrosage de plus en plus fréquentes depuis que le changement climatique est bien en marche.

Alors, ok, si on part du fait qu'on n'arrose pas ou presque, on va être obligés de se limiter à un certain type de roses : des rosiers paysagers à petites fleurs dont les fleurs

souffriront mois que celles qui comportent beaucoup de pétales. Mais n'avoir que ce type de roses serait d'un triste... ! En plus, la plupart du temps, elles sont belles de loin,

moins de près et ne sentent pas grand chose. Elles sont certes très intéressantes car souvent les fleurs durent longtemps mais je ne les considère pas vraiment en tant que

"roses" mais en tant que "rosiers".

 

Ballerina

 

Certaines roses sont cependant plus adaptées au Sud que chez nous et ce ne sont pas des roses simples, au contraire : elles ont tellement de pétales que s'il ne fait pas

suffisamment chaud, elles ne s'ouvrent pas ! C'est le cas avec Souvenir de la Malmaison, un rosier ancien bien connu ou encore, avec une rose de Warren appelée

Cento Qarenta. Son nom n'est pas anodin : chaque rose doit bien compter au moins 150 pétales ! Une rose somptueuse au parfum orgasmique quand... elle veut bien

s'ouvrir. Et aussi pour ces deux que j'ai citées, il ne faut pas non plus trop de pluie au risque que les boutons pourrissent carrément avant d'éclore. Des capricieuses... mais si

vous avez la chance d'en voir une s'épanouir, alors, là, attendez-vous à l'extase.

 

       

Souvenir de la Malmaison

 

 

         

 

A gauche : Cento Qarenta il y a quelques jours. J'étais toute contente de la voir éclore après avoir pris soin d'enlever les premiers pétales

pour l'aider un peu à s'épanouir (ça marche bien quand elles ont du mal).

A droite : photo prise hier matin après les trombes d'eau qui sont tombées une grosse partie de la journée.

Ci-dessous : une photo de la même rose prise l'an passé en plein mois de septembre. Tout n'est donc pas perdu...

 

 

 

 

Bref, il n'y a pas, selon moi et en règle général de roses pour la sécheresse et la chaleur excessive. Je me souviens d'ailleurs que Warren avait un jour publié des photos de

ses roses supportant pendant plus d'une semaine des températures bien au-delà des 40°. Mais ce que je sais, c'est qu'il se levait très tôt tous les matins pour arroser et

aussi le soir, il remettait ça. A noter que l'eau coûte moins cher en Australie qu'en Belgique.

 

Parfois, certaines montrent juste quelques stigmates de coups de soleil comme celle sur la photo de gauche : Dollar Secret.

A sa décharge, elle est plantée dans le jardin médiéval, dans les carrés surélevés où les conditions sont extrêmes pour les roses.

Et d'autres, si on ne les arrose pas (une année, j'avais décidé de la jouer écolo) vont carrément vous la faire style "raisin sec" !

(mais même comme ça, j'aimerai toujours Novalis)

 

       

 

 PS : Ceci était le dernier "Dites-moi" de la saison. Comme beaucoup d'entre vous seront partis cet été et que ce genre de rubrique me demande pas mal de temps, je vais moi aussi prendre quelques vacances avec le dimanche un article plus "light". Je l'appellerai "Entre quatre yeux". Bruno et moi, on partagera avec vous quelques photos du jardine et de la Roseraie, pour le plaisir des yeux tout simplement, sans commentaires. Mais je vous rassure, je garde les rubriques du jeudi (sur mon jardin) et du samedi (sur la Roseraie). Bon dimanche !

 

 

 

 

 

... quels sont vos "bobos" liés au jardinage ?

Et quels remèdes pouvez-vous recommander ?

(sujet qui m'a été demandé par Nicole)

 

 

J'ai remarqué qu'en dehors des douleurs liés au vieillissement (personne n'y échappe), les "bobos" évoqués par Nicole concernent plus souvent les jardiniers du dimanche moins habitués à utiliser certains outils, moins habitués à certains mouvements...

Pour ma part, depuis ma nouvelle vie où je jardine pratiquement du matin au soir, je n'y échappe malheureusement pas toujours.

Mon coude gauche me fait parfois souffrir depuis le début de l'année. Le seul remède qui est vraiment efficace, c'est le repos. Heureusement, je suis droitière.

 

Photo internet

 

Pas encore de problème de poignet sauf un tout petit peu quand je dois tailler mes 700 rosiers en février-mars. J'essaie d'étaler le plus possible pour ne pas faire de longues séances.

Photo du net

 

Attention de ne pas invoquer le jardinage à chaque bobo : un excès de clavier peut nuire à la santé !

Sinon, des règles à respecter : m'assurer que mon vaccin anti-tétanos est bien à jour, de toujours bien désinfecter toute plaie même superficielle.

Donc aujourd'hui, je ne pourrais pas, sur ce sujet, vous en dire beaucoup plus et je compte beaucoup sur vous, chers lecteurs pour répondre aux questions et de donner des pistes de solutions à mon amie, Nicole.

Bon dimanche ! Ici, ce sera farniente et grand prix de Formule 1 pour fêter mes 57 printemps (celui-ci est le plus beau !).

Isabelle

 

PS : Nicole, je te recommande fortement ce remède-miracle qui fonctionne pour TOUT ! Je vais en abuser un peu aujourd'hui...